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En Tanzanie, libération des leaders du principal parti d’opposition

Les leaders du principal parti d’opposition en Tanzanie, Freeman Mbowe et Tundu Lissu, arrêtés avant un rassemblement interdit par la police dans la ville de Mbeya (sud-ouest), ont été libérés sous caution, a annoncé, mardi 13 août, le porte-parole du parti Chadema.
Ces deux figures emblématiques de l’opposition avaient été appréhendées dimanche et lundi, dans le cadre d’une vague d’arrestations rappelant le règne autoritaire du président John Magufuli (2015-2021), qui a suscité l’inquiétude d’organisations de défense des droits humains et de partis politiques dans le pays d’Afrique de l’Est.
Un total de 520 personnes, sympathisants, adhérents et dirigeants de Chadema, ont été arrêtées à travers le pays, selon la police.
« Les principaux dirigeants de Chadema, Freeman Mbowe, Tundu Lissu, John Mnyika, John Pambalu, ont été renvoyés à Dar es-Salaam [la capitale économique] par la police et ont payé leur caution », a annoncé le directeur de la communication de Chadema, John Mrema, sur le réseau social X. Mais, « selon certaines informations, certains dirigeants (…) seraient toujours détenus par la police de Mbeya », a-t-il ajouté. Les dirigeants « ont été transportés de nuit par la route, reçus au commissariat de Dar es-Salaam et invités à verser une caution, puis renvoyés à leur domicile » mardi matin, a détaillé le parti sur X.
Durant la nuit, le chef des opérations et de la formation de la police, Awadh Haji, avait déclaré que « tous les principaux dirigeants de Chadema arrêtés, après interrogatoire et autres procédures, [avaient] été renvoyés d’où ils venaient ».
La police avait interdit le rassemblement prévu lundi par Chadema à Mbeya dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse, invoquant un risque de violences et disant vouloir éviter une contestation comme celle qui a secoué le Kenya voisin dans le cadre d’un mouvement né au sein de la « génération Z ».
Tundu Lissu, le vice-président de Chadema qui avait affirmé que cette manifestation se tiendrait malgré tout, et John Mnyika, le secrétaire général du parti, avaient été arrêtés dimanche dans la ville.
Le président Freeman Mbowe et le responsable de la branche jeunesse du parti John Pambalu avaient été interpellés le lendemain, à leur arrivée à l’aéroport de Songwe, à une vingtaine de kilomètres de Mbeya.
« La police appelle les dirigeants des partis politiques et leurs partisans à respecter les lois et règlements du pays et prévient qu’elle prendra des mesures juridiques strictes contre tout individu ou groupe impliqué dans la perturbation de la paix », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Elle dit continuer « de renforcer la sécurité dans la ville de Mbeya et dans toutes les autres régions de Tanzanie pour empêcher tout acte de violence planifié ».
Selon Chadema, les locaux du parti à Mbeya étaient, mardi matin, « encerclés par la police », qui en barrait l’accès.
De nombreuses ONG et la formation d’opposition ACT Wazalendo avaient appelé à la libération des personnes détenues. Elles s’alarmaient d’un retour de telles pratiques, fréquentes sous le règne de l’ancien président John Magufuli, décédé en mars 2021, mais desquelles Samia Suluhu Hassan, qui lui a succédé, s’est démarquée.
Depuis son accession au pouvoir, la dirigeante est revenue sur plusieurs mesures de son autoritaire prédécesseur, rouvrant notamment des médias interdits et levant l’interdiction des meetings de l’opposition. Elle a également promis de restaurer « la compétition électorale », alors que le pays doit tenir des élections locales en décembre, puis présidentielle et législatives en 2025.
Arrêté en juillet 2021, Freeman Mbowe, 62 ans, et trois autres responsables du parti avaient vu leur procès pour « terrorisme » stoppé en mars 2022, après que les procureurs eurent annoncé l’abandon des poursuites.
Face aux gestes d’ouverture donnés par le pouvoir, Tundu Lissu, 56 ans, était rentré d’exil en janvier 2023. Il avait fui la Tanzanie après une tentative d’assassinat en 2017, qu’il avait qualifiée de politique, puis était revenu brièvement en 2020 pour concourir à l’élection présidentielle contre John Magufuli, qui avait été réélu avec un score officiel de 84 %.
Le Monde avec AFP
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